Il faut remonter jusqu'à la préhistoire pour trouver le Petit Lévrier Italien. Des restes fossilisés ont été retrouvés, le professeur G. MORITTU en fait état sur le pourtour méditerranéen. Ces petits chiens, appelés Veltro, étaient particulièrement représentés.
Ce qui nous amène en Egypte où, en 1965, la Société d'Exploitation d'Egypte trouve une momie de Petit Lévrier Italien mesurant 40 cm de long et 38 cm de hauteur dans une tombe de la première dynastie, celle de la Reine HERNEIT. Cette race existe depuis 3000 ans avant Jésus Christ avec, déjà, des mensurations correspondant à notre standard actuel. Une autre momie a été retrouvée et avec elle, un papyrus donnant des renseignements sur son âge, sa race... Il faut en déduire que ce chien devait être sacré pour ces Egyptiens pour être ainsi enterré avec reines et pharaons.
La race fut certainement transportée d'Egypte en Grèce où nous trouvons en effet un lévrier de petite taille : le chien de Laconie. Les auteurs s'appuient sur des études iconographiques et s'accordent pour décrire les lévriers de Laconie comme délicats et de belle race, presque identique à celle des PLI.
Puis il fut transporté de Grèce en Italie. Il semblerait que ce soit Cléopatre qui aurait fait cadeau à Jules César, de quelques chiots provenant de ses élevages Néanmoins, les marchands grecs ou phéniciens ont certainement exporté cette race.
Grâce à une très riche documentation italienne, nous constatons que la race fut sélectionnée à travers les siècles. On peut ainsi suivre les déplacements et l'évolution de celle-ci de l'Egypte à la Grèce puis en Italie.
Ainsi, les Petits Lévriers Italiens furent apportés par les Romains dans tout leur Empire. Les Normands les transportèrent également de l'Italie méridionale, jusqu'en Normandie et en Bretagne.
Dames et princesses italiennes, en contractant des mariages à l'étranger, n'oublièrent pas de prendre leurs petits lévriers et contribuèrent ainsi à étendre cette race au-delà des Alpes, au sein des cours royales et familles de haut rang de par le monde.
Le Petit Lévrier Italien était si connu en Italie que les Anglais l'appelèrent "Italian Greyhound", les Français "Levron ou Levrette d'Italie" et les Allemands "Italianisches Windspiel". En France, le mot "Levrette" est encore le plus souvent employé pour désigner nos femelles, alors que pour les mâles on dit plus facilement "Petit Lévrier". Quant à la traduction du mot "windspiel", il correspond très bien à ce chien : en effet, "wind" veut dire "vent" et "spiel" veut dire "jeu". Selon les interprétations, on peut traduire "qui joue avec le vent" ou "jouant avec le vent".... En un mot un petit chien, joueur, dansant, trottinant, gai, joyeux...
Compte tenu de échanges commerciaux et du trafic maritime importants dès l'Antiquité entre les ports de tout le bassin méditerranéen, il n'est pas surprenant qu'il ait été amené en Grèce tout d'abord, puis en Italie au Vème Siècle et qu'il y ait fait souche. On le retrouve donc à Rome, où il chasse vaillamment le lapin tout en charmant les riches patriciennes, comme l'évoquent Virgile, ou encore Petrone dans le Satyricon. La race devait d'ailleurs conquérir une grande partie de l'Europe, et l'intérêt pour ce lévrier de petite taille n'a cessé de croître dans les milieux de la noblesse et dans les cours royales où il a la faveur de l'aristocratie et des souverains comme François 1er, Catherine de Médicis, Louis XIV, Catherine de Russie... Frédéric le Grand de Prusse en avait toujours un grand nombre auprès de lui...
Charmés par son élégance et sa grâce, les artistes l'ont largement magnifié dans la littérature, la poésie, la peinture, en le représentant comme animal de compagnie, ou comme chasseur, aptitudes complémentaires qu'il a toujours assumées à la perfection. Ainsi, grâce à la richesse et à la diversité des représentations iconographiques de la race, on peut suivre l'itinéraire du PLI jusqu'au XIXème Siècle.
On pourrait citer de très nombreuses oeuvres, et parmi elles, le psautier de la reine Marie, manuscrit anglais du XIVème Siècle conservé à la Bibliothèque Nationale : dans une scène adorable, intitulée "rencontre de l'acteur et de la déesse Diane", plusieurs lévriers sont représentés, dont, au premier plan un magnifique Petit Lévrier Italien blanc gracieusement couché entre les deux personnages.
Au Musée de Cluny se trouve la prestigieuse tapisserie "La dame à la licorne", "l'odorat" qui date de la fin du XVème Siècle. A côté de la Licorne, du Lion et des personnages, figure tout un bestiare stylisé, dont des Lévriers blancs, de petites tailles moins fins cependant que le PLI que nous connaissons aujourd'hui. C'est encore un Petit Lévrier Italien blanc qui est assis au premier plan de "l'adoration des mages" de Jérôme Bosch, datant du XVème Siècle.
Plus tard, autre époque, autre style, le portraitiste Jean-Baptiste Oudry a immortalisé les Levrettes de Louis XV dans plusieurs tableaux comme "Misse et Turlu", mais la morphologie de ces animaux est cependant moins gracile, faisant penser à un Lévrier de taille intermédiaire entre le PLI et le Whippet. C'est le même cas pour le très joli Petit Lévrier Italien représenté dans le tableau "Les petits favoris" peint par Anne Vallayer-Coster vers 1775. Les poètes aussi l'ont apprécié, et Alphonse de Lamartine, très attaché à ses petits lévriers italiens, a consacré de très beaux vers à cet "oiseau à quatre pattes" qu'il aimait tendrement...
De façon générale, les Lévriers sont en perte de vitesse presque partout en Europe. Par ailleurs, dans les milieux où l'on apprécie les animaux de compagnie, il faut qu'ils soient adaptés à une vie de plus en plus citadine et bourgeoise : on préfère des sujets miniaturisés! Victime de cette tendance, le Petit Lévrier Italien voit sa stature diminuer dangereusement puisqu'on fixe sa taille idéale à 30 centimètres et son poids à moins de 3 kgs! Lui, le chasseur de lapin intrépide, le joyeux petit prince plein de vitalité, est transformé peu à peu en petite chose gracile et frileuse!
Certains auteurs émettent l'hypothèse selon laquelle la popularité sur le sol anglais d'un autre Lévrier de petite taille plus robuste et résistant sous le climat britannique, le Whippet, aurait contribué à accentuer la volonté de différencier les deux races - du moins en Angleterre - réduisant ainsi la taille et le poids du PLI, qui allait être cantonné dans une fonction de "chien de luxe et d'agrément". Dans le sportmen's cabinet, en 1803, on pouvait lire que la levrette est destinée aux agréments de la table de thé, au tapis devant les foyers, aux douceurs luxueuses des sofas, au giron tiède de sa maîtresse et pour Hugh Dalziel, auteur de plusieurs ouvrages canins à la fin du 19ème Siècle, seul le contact de mains féminines est assez doux pour respecter le velours de pêche dont ce chien semble vétu, summum d'élégance et de délicatesse des formes.
Dans le classement officiel des races canines, le PLI quitte alors le groupe 10 des Lévriers, pour être classé au groupe des "chiens de luxe et d'agrément". Dans son ouvrage "tous les chiens", Hubert Heuillet décrit ainsi en 1934 l'aspect général de la "Levrette Italienne" : La levrette possède toutes les caractéristiques de la variété du Grand Lévrier, mais avec encore plus de finesse dans chacune de ses parties. C'est un modèle de grâce et d'élégance ; haute sur pattes, svelte et vive, elle a, d'une façon très marquée, une allure rythmée et sautillante. L'ensemble doit rester d'apparence frêle et délicate, pour ainsi dire diaphane et frileux. La Levrette est cependant agile et résistante, pourvu que l'on ait pris le soin de l'élever dans des conditions rationnelles d'hygiène et de liberté.
On se souvenait enfin de la nature de Lévrier du PLI, loin de la caricature de "Levrette en Paletot" brocardée pr Auguste de Chatillon en 1877!
"Y'a-t-y rien qui vous agace
Comme un Levrette en pal'tot,
Quand y'a tant d'gens su la place,
Qui n'ont rien à s'mett'su l'dos (...)"
Finalement, grâce à la volonté et à l'énergie d'éleveurs passionnés par la race, en France et en Allemagne particulièrement, le PLI allait retrouver ses caractéristiques originelles et un gabarit plus adéquat. En 1968, avec la parution du standard italien, c'est chose faite : revenu à des normes correctes, le Petit Lévrier Italien allait à nouveau pouvoir exercer une activité sportive et redevenir l'authentique Lévrier qu'il est, à nouveau classé avec ses 12 autres races "cousines" dans le groupe 10.