RECIT DE NOTRE NAISSANCE
Une naissance est toujours un évènement merveilleux. C'est ce que nous nous plaisons tous à croire. Ce petit être dont nous avons rêvé, qui nous a fait passer de nombreuses nuits blanches à réfléchir sur son nom, sur ce qui sera le mieux pour lui... Toutes ces discussions à son sujet avec la famille.....
Mais parfois tout ne se déroule pas comme prévu. Et cette mise-bas aurait pû bien mal tourner sans la maîtrise de l'Eleveur. C'est pourquoi il faut laisser l'élevage à l'Eleveur, car lui seul sait comment agir face à une situation critique. Et lors d'un accouchement, chaque minute compte.
Laissez-moi partager avec vous le récit de la naissance des Ritaliens.
Vendredi 17 Avril 8h du matin.
En prenant notre petit déjeuner ce matin là, je vois Roxanne gratter une panière dans l'idée de faire "un nid".
Un signe qui ne trompe pas : le travail commence. Les contractions utérines sont plus intenses et poussent le premier bébé vers "la sortie".
Entre 10h et midi, Roxanne sort souvent se soulager, le bouchon muqueux finit de s'évacuer, elle rentre dans son dodo qu'elle affectionne particulièrement, sa cage. Elle s'y engouffre, se cache et gratte régulièrement.
A 14 heures, les contractions s'intensifient. Nous sommes bien partis. Elle devrait haléter sous peu, ce qui signifierait le bon déroulement du travail, des contractions actives et efficaces...
Roxanne cherche à être près de moi. Je lui ai préparé un coin au pied du canapé où elle sera tranquille et tout contre moi.
15 heures. Voici Roxanne qui halète. Je suis heureuse, le travail suit son cours et tout se déroule bien. D'ici à 2 heures, le premier chiot devrait naître.....
Son regard plongé dans le mien pour se rassurer, je ne bouge pas, la caresse et l'encourage. D'ici peu, elle devrait pousser et nous irons alors à la maternité car une poche devrait se rompre sous une poussée.
Il est à présent 18 heures et depuis 15 h pile, Roxanne halète mais aucune poussée. Elle se fatigue et j'ai bien peur qu'un chiot bloque le passage, interdisant ainsi toute poussée vaine.
Les contractions ne sont pas assez fortes à mon avis, il faut aviser pour ne pas laisser la future maman en souffrance. Si elle fatigue trop, elle risque une hypoglycémie et n'aura alors plus aucune force pour pousser.
Je prends la décision de l'emmener chez le vétérinaire car il lui faudra très certainement une injection d'ocytocine pour accélérer les contractions ainsi qu'une perfusion de glucose pour la "remonter".
Je place un plaid dans la voiture et je fonce. Heureusement, mon vétérinaire n'est pas loin de chez moi. J'y suis en 3 minutes.
Roxanne, épuisée, ne tient plus debout rapidement. La jeune vétérinaire de garde ce soir là lui place une perf de glucose, ce qui va rebooster notre petite Roxanne. Ne constatant toujours aucune poussée, nous décidons de lui faire une injection d'ocytocine. En quelques secondes, elle se met à pousser.
Mais rien ne vient.
La vétérinaire pratique une échographie afin de voir si les bébés sont en souffrance, mais tel n'est pas le cas. Les petits coeurs battent bien.
Elle réalise alors une radio afin de voir si un chiot serait mal engagé et c'est bien le cas. Le premier est en travers, il arrive par le siège mais de travers. Il faut essayer de le tourner, bien dans l'axe. La vétérinaire n'y arrive pas. Nous stimulons Roxanne, je la sors pour la faire marcher un peu, souvent ca aide.
Sans succès....
Il est 19h55. Après une seconde perfusion car Roxanne était faible, une nouvelle injection d'ocytocine, la voici qui pousse de nouveau mais le bébé ne veut pas avancer. Il est pourtant tout près, je peux le sentir, la vétérinaire essaie une dernière fois de le placer correctement.
19h59 - La vétérinaire prend la décision de faire une césarienne. On ne peut plus attendre, nous risquons de perdre les bébés et mettons la vie de Roxanne en danger. Un vétérinaire plus expérimenté est sur le point d'arriver pour pratiquer cette intervention.
Pendant que la jeune vétérinaire prépare le bloc, j'essaie une dernière fois de tourner le bébé. Je suis inquiète mais combative et je veux que Roxanne ne baisse pas les pattes. Je me redresse et crie, tout en poussant sur son ventre : allez Roxanne, tu peux pas abandonner, pousse bon sang, allez, vas-y, sors le ce bébé, tu peux le faire, tu peux le faire...
Le Docteur LENOIR arrive..... il enfile ses gants pour l'emmener en chirurgie....
Et Roxanne pousse, pousse si fort, et dans un râle immense...... elle sort le bébé, un bébé magnifique!!!!!!!!
La dame de l'entretien qui faisait son travail dans les pièces voisines s'arrête et se met à pleurer de joie.
La jeune vétérinaire est sans voix, je suis en larmes, je tiens dans mes mains un adorable chiot bien en vie!
Le Docteur LENOIR arrive alors et dit : et bien! on dirait qu'on n'a pas besoin de moi ici.
Très vite, la jeune vétérinaire devient mon assistante. Je demande un clamp, un mouche bébé, une serviette, j'aide Roxanne qui ne sait plus trop où elle en est la pauvre. Elle comprend qu'il faut ingérer le placenta et lèche son petit.
Très rapidement un deuxième pointe le bout de son nez. 10 minutes après le premier. Le passage est fait.
Nous attendons afin de voir si tout va bien. Il ne s'agirait pas de rentrer à la maison et de devoir revenir peu de temps après.
Nous sommes soulagés, la césarienne est oubliée...
A 20h40 un autre bébé arrive. Les contractions sont enfin efficaces, les poussées fortes, Roxanne assure comme une princesse.
J'appelle Pierre pour qu'il vienne me porter un panier pour mettre les bébés, bien au chaud dans des plaids tout doux afin que nous rentrions à la maison. Nous y serons bien mieux. Une confortable caisse de mise-bas attend Maman et bébés.
Au moment où Pierre arrive, un 4ième petit arrive. Vite, nous décidons de rentrer.
En partant, le vétérinaire me donne deux seringues d'ocytocyne, au cas où les contractions faibliraient.
Mais elles ne seront pas nécessaires.
Pour donner un coup de fouet, je vais donner deux fois du miel à Roxanne qu'elle lèche avec envie. Cela relance les contractions naturellement et elle mettra au monde ses petits jusqu'à 23h20, heure du dernier né.
Après un cours instant dehors où elle finira de vider vessie et utérus des résidus placentaires, nous lui donnons une douche pour qu'elle soit toute belle devant ses bébés.
Nous embarquons une machine à 90° pour laver les linges de mise-bas. La maternité est désinfectée, tout est propre, maman et bébés peuvent enfin faire connaissance.
5 femelles - 3 mâles.
Tous bien portants, bien vigoureux et têtant immédiatement le bon colostrum de maman.
Je vais rester toute la nuit pour veiller à cette grande famille. J'ai mis les barres anti écrasement autour de la caisse de mise-bas afin que maman n'écrase pas ses petits en se retournant. Souvent, les primipares sont maladroites les premiers jours et lorsqu'elles se retournent, elles peuvent malencontreusement étouffer et écraser un bébé sous leur poids. Le bébé aura beau crier, elle ne reconnaitra pas ce cri comme un cri de douleur. C'est ainsi, c'est à savoir.
Dans quelques jours, elle sera plus prudente et délicate mais pour l'instant, c'est tout nouveau pour elle, il faut qu'elle apprenne à devenir maman même si l'instinct est fort.
Le côté "rouge" des images est dû à la lampe à infra rouge que l'on met dès la naissance des bébés afin de les chauffer. Ne régulant encore pas leur température, cela est nécessaire. S'ils venaient à se refroidir, la mère ne s'en occuperait plus et ils mourraient.
La vie est merveilleuse ne trouvez-vous pas? elle trouve un chemin toute seule, c'est formidable.
Je l'ai couverte d'un plaid car elle tremble de froid, d'émotion, c'est un grand chamboulement une naissance
Fatiguée après une mise bas qui aura duré 11h20 au total, il faut laisser notre petite famille tranquille.
La lampe à infra rouge est opérationnelle et diffuse une douceur lumière rouge, une chaleur rassurante.
Bonne nuit les Ritaliens.
Moi, votre Eleveuse, je vous aime déjà si fort!
Après une bonne nuit pour Roxanne et ses petits, tout le monde est en forme. Moi, pas trop. 3 nuits sans sommeil à veiller le début du travail, puis la mise bas, l'après.... je suis morte de fatigue.
Mais tellement heureuse.
Je remercie mon Mari, Pierre, sans qui tout cela ne serait possible. Il m'assiste si bien, entre nous, pas besoin de mots. Il me passe les ciseaux pour couper un cordon, une compresse de bétadine pour désinfecter le cordon, le mouche bébé pour oter les mucosités.
C'est lui qui note les informations sur la fiche récapitulative : couleur du chiot, sa description, son poids, heure de naissance, si le placenta est arrivé ou non, si le bébé est arrivé par le siège ou normalement.
Il me rassure par sa présence, il est toujours là dans les moments difficiles et heureux. Nous partageons ce bonheur ensemble, nous nous émerveillons d'un seul élan. Merci mon homme, si tu savais combien je t'aime.